Pourquoi le monde entier manque de puces [Opinion]

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Le monde est en manque de puces, et cela semble bien parti pour durer.

En effet, en ces temps de télétravail massif et d’omniconnexion, la pénurie de semi-conducteurs fait que bon nombre de produits sont en rupture de stock : ordinateurs, smartphones, jusqu’aux micro-ondes ! Selon les experts, ce manque de puces devrait encore durer deux bonnes années.

Il faut dire qu’alors que la demande ne cesse de croître, la pandémie a créé, avec l’arrêt de la production en Chine, une véritable pénurie. Résultat : nombre de fans de jeux vidéo ne sont pas près de mettre la main sur une console Playstation 5, tandis que les aficionados d’iPhones ou de Samsung Galaxy dernier cri doivent patienter… Le pic de consommation de produits high tech en fin d’année pourrait bien mettre encore plus en lumière l’absence des rayonnages de bien des références.

Le conflit économique ouvert entre Chine et États-Unis sous le mandat de Donald Trump n’aura pas non plus été sans conséquences, avec notamment un géant tel que Huawei en dommage collatéral. Les fabricants chinois de puces ont donc préféré stocker les microprocesseurs, tant en cas de guerre tarifaire que pour en priver les entreprises américaines. On ne pouvait mieux mettre en lumière la dépendance de l’Occident à l’égard de la Chine en la matière. Face à ce manque de puces, qui a notamment mis leur industrie automobile à l’arrêt, les États-Unis se mobilisent. En avril dernier, un séminaire virtuel a ainsi réuni une vingtaine de grands noms de la high tech autour de Joe Biden à la Maison Blanche. Pour la nouvelle administration américaine, les semi-conducteurs sont désormais perçus comme des biens essentiels. Comment réduire la dépendance à ce sujet des États-Unis vis-à-vis de la Chine ? Ce n’est pas gagné : si, dans les années 1990, la production américaine représentait 37% du marché des semi-conducteurs, elle est aujourd’hui tombée à 12%, selon les chiffres de la Semiconductor Industry Association, dont font notamment partie des sociétés telles que AMD, Nvidia ou Micron. L’actuel président des États-Unis a par ailleurs signé un décret visant à ce que soit effectué en 100 jours un examen en profondeur des chaînes d’approvisionnement de quatre types de produits essentiels : les batteries de grande capacité pour les véhicules électriques, les terres rares, les médicaments et les puces. Le sujet est désormais traité comme une question de sécurité nationale.

Un volet « semi-conducteurs » a donc été intégré au plan d’investissement massif dans les infrastructures et l’énergie annoncé fin mars par Joe Biden. Un plan d’un montant de 2000 milliards de dollars. Intel, géant du micro-processeur, a pour sa part déjà annoncé consacrer 20 milliards de dollars à la construction de deux nouveaux sites en Arizona. Mais il faudra sans doute de deux à quatre ans avant que la production américaine de puces ne puisse réellement repartir. De ce côté de l’océan, le commissaire européen Thierry Breton a rencontré TSMC et Intel dans le but d’augmenter la production européenne de semi-conducteurs, et qu’elle représente à terme 20% du marché mondial. Mais là aussi, il faudra compter des années avant d’y parvenir, quand bien même la demande cesserait de croître dans un proche avenir.

Judikael Hirel 

Source : Les Echos 

Cet article est publié à partir de La Sélection du Jour 


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